La mère et l' enfant

Tiens moi la main fermement et suis moi pour l' instant…

Tandis que je regarde les marches pour ne pas trébucher, tu regarde l'horizon ou le ciel étoilé. Sache que l'horizon est un leurre, celui de ton bonheur rêvé ;et les étoiles semblant être des perles de diamant sont des lieux hostiles ou l' on ne peut exister. On pourrais croire que la distance qui nous sépare de nos rêves nous préserve de la désillusion et que celui qui les atteint en trouve toujours un autre un peu plus loin ; et puis lorsqu' on est dans un rêve il faut s' attendre à se réveiller…

Je n' ai pas envie de te dire que je t' aime, l' amour pour un enfant n' est plus qu' un concept utopique fondé sur l' idolâtrie aveugle, et ce mot amour est trop salis torturé, violé, lapidé. Je préfère te dire que je te respecterais et te soutiendrais jusqu' aux porte de la raison…

Mon enfant mon ami pour toujours.

N' en doute pas, tu es né artiste je le sais, mais je ne pourrais t' apprendre à peindre, car c'est à toi de découvrir les couleurs de la vie, de les apprivoiser sans les commander, de jouer avec les ombres et les lumières et de dompter les perspectives. Et ne confonds pas richesse de couleurs et abondance de couleurs. Et n' oublis pas que c' est un art de rendre l' autre heureux à travers son propre bonheur.

Certes, une fois achevée ton œuvre inscrite dans le temps sera soumise à ce dernier; les couleurs vont passer, le vernis se craqueler mais sa valeur va décupler.

Le temps passe et celui de nous éloigner l' un de l' autre approche. N' oublie pas que s' il t' arrivais de plonger dans une quelconque détresse ou bien de perdre ton chemin…Tous les chemins mènent à moi et tu pourra mouiller mon épaule.

Nous montons cette dernière marche commune et tu vas chevaucher cet oiseau. Guide le prudemment et évite les trop grands vents…